ÉTAPES MISES EN ŒUVRE
En 2012, le Comité de cogestion de la modalité de la Sonsera (CCMS) est constitué. Dans ce comité participent l’Administration centrale (ministère de l’Environnement espagnol), le gouvernement régional de Catalogne, le secteur de la pêche (26 navires), les scientifiques du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC), l’Institut des sciences de la mer (ICM) et la société civile au travers de deux ONG (WWF et Greenpeace).
Depuis lors, les accords issus du comité de cogestion sont pilotés par les parties prenantes elles-mêmes et sont fondés sur la coresponsabilité, c'est-à-dire que les pêcheurs agissent en conséquence pour assurer la pêche du lançon dans l’avenir. Cela signifie que les règles approuvées sont pleinement appliquées, car la sanction infligée serait immédiate en cas de non-conformité.
Le CCMS a élaboré le plan de gestion de la Sonsera. Début 2014, il est présenté à la Commission européenne et officialisé, après son approbation, par le gouvernement régional de Catalogne le 20 mars 2014 par l’arrêté AAM/87/2014.
Le plan de gestion de la Sonsera est valide pour une période de 5 ans et détaille explicitement le cadre réglementaire de la pêcherie. La ressource halieutique est gérée selon une approche écosystémique et cherche à ajuster les prises au rendement maximal durable. Dès le début, un recensement des navires autorisés est créé, dont la longueur est limitée à 10 m et la puissance moteur à 75 kW. La Direction générale de la pêche et des affaires maritimes du ministère catalan facilite l’exercice du droit de pêcher le lançon en accordant des permis spéciaux aux navires qui justifient d’une prise historique du lançon pendant une période de 5 ans entre les années 2000 et 2010. L’effort des senneurs est limité à la pêche du lançon et exceptionnellement de la « llengüeta » (gobie). Chaque année, la saison de pêche est limitée et un quota de capture maximal est alloué pour l’ensemble de la pêcherie, qui est réparti par mois. Ce quota mensuel est divisé par navire et par jour. Un suivi mensuel de la performance de la pêcherie est effectué concernant la capture par unité d’effort de pêche (CPUE), avec la possibilité de réduire le quota du mois suivant voire de fermer la pêcherie. Le plan de gestion de la Sonsera définit également les caractéristiques physiques de la senne de plage, ainsi que les zones et les fonds de pêche. En même temps, la gestion des pêcheries comprend un contrôle des débarquements qui s’effectue en obligeant à débarquer les captures uniquement dans les ports autorisés, ainsi qu'un contrôle rigoureux des points de vente dans la halle de criée. Enfin, le plan de gestion comprend un régime d'inspection et, en cas de non-conformité, une procédure de sanction peut être engagée ou le permis retiré.
L’élément-clé réside dans la mise en œuvre des mesures établies sur la base d’études scientifiques et la prise de décision partagée dans la gestion de la pêcherie. À noter la réduction de l’effort de pêche et un respect rigoureux des quotas de capture établis.
En juillet 2015, le comité de cogestion décide d’imposer une fermeture totale de la pêcherie du lançon en raison d’une baisse inattendue des prises. En avril 2016, la pêcherie est rouverte, mais un calendrier de pêche spécifique est établi pour chaque navire afin de maintenir un effort contrôlé. La tendance des captures a affiché une baisse en 2016 et 2017, ce qui fait que des décisions de gestion ont été prises pour protéger la ressource, telles que la fermeture continue de la pêche ou la décision volontaire pour certains navires d’abandonner temporairement la pêche. Toutefois, cette baisse des captures est davantage liée à des facteurs environnementaux comme la température plutôt qu’à la surexploitation, ce qui s'est traduit par un recrutement plus mauvais du stock de lançons. Les pêcheurs, les scientifiques, l’administration et les ONG continuent à travailler ensemble pour être en mesure d’expliquer les causes d’une manière plus détaillée et pour continuer à affiner la gestion de la pêche.
ENSEIGNEMENTS TIRÉS
Grâce à la cogestion, il est possible, dans les périodes de crise touchant l’activité de la pêcherie, d’évaluer conjointement des solutions de rechange et d’optimiser les décisions en pensant à l’intérêt commun et en renforçant la stabilité du processus et la confiance qu’il génère.
Le comité de cogestion explore les possibilités d’inverser les impacts socioéconomiques de la pêche. En outre, cette surveillance plus étroite de l’activité de pêche a permis de réduire la pêche illégale et le marché noir du lançon.
Les pêcheurs affirment qu’une plus grande autonomie dans la prise de décision par le secteur et la fixation de quotas de capture ont amélioré l’efficacité de la pêcherie. L’effort de pêche a diminué, et avec lui les dépenses engagées, ce qui s’est traduit par une augmentation nette des bénéfices.
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