Plan de gestion intégrée des pêcheries multiples de Fuerteventura

La pêche artisanale est une activité traditionnelle d’une grande importance sociale et culturelle sur l’île de Fuerteventura. Consciente des limites des ressources côtières, la flottille de Fuerteventura s’est engagée dans l’exploitation durable de ses ressources halieutiques et a pris des initiatives importantes pour assurer un avenir à la pêche.

Grâce à un processus participatif et à l’utilisation de mécanismes et d’outils de gestion halieutique, les Associations de Fuerteventura encouragent, avec l’appui d’autres secteurs liés à la connaissance et à la gestion des pêcheries aux îles Canaries, la conception et la mise en œuvre d’un plan de gestion intégrée des pêcheries multiples pour l’île, qui répond aux problèmes actuels et aide à remplir les obligations légales applicables à la conservation et à la gestion halieutique.

L’île de Fuerteventura, Islas Canarias

 

DESCRIPTION

 

La zone de pêche de l’île de Fuerteventura comprend des eaux territoriales d’une grande valeur naturelle, où opère une flottille composée d’une centaine de petits navires polyvalents, dans laquelle sont directement impliqués près de 150 pêcheurs de trois associations :  Corralejo, Gran Tarajal et Morro Jable. L’activité de pêche traditionnelle réalisée tout au long de l’année par cette flottille est très diverse et conditionnée par les ressources disponibles. Les principaux engins de pêche utilisés dans la pêcherie sont les hameçons (ligne ou corde et canne à pêche), notamment pour la capture de thonidés et d’espèces liées à la pêche de fond, telles que les pagres communs, les pagres rayés, les serrans communs, les mérous et les poissons-perroquets. Selon un plan de pêche spécial, contrôlé scientifiquement et limité dans le temps et dans l’espace, des nasses à poissons et des tambours à murènes sont également utilisés par une petite partie de la flottille.  Les engins de pêche à la senne coulissante (chalut et filet maillant dérivant) et de levage (épuisette) sont utilisés pour la capture de l’appât. Depuis des décennies, les pêcheurs de Fuerteventura s’efforcent de réaliser une activité respectueuse de l’environnement et engagée dans le développement durable et la conservation des eaux de Fuerteventura.

DÉFI/OBJECTIF

 

Les associations de pêcheurs de Fuerteventura se distinguent par la promotion d’actions de gestion collective visant à préserver et à récupérer les ressources, telles que l’interdiction ou la limitation des engins de pêche, ou l’imposition de tailles minimales de capture plus restrictives pour certaines espèces, etc. Toutefois, ces bonnes pratiques n’ont pas toutes été incluses dans le règlement, et elles ne sont pas respectées par d’autres pêcheurs qui ont librement accès à cette zone de pêche.

À Fuerteventura, un processus participatif est en cours en vue d’obtenir l’accord de ses pêcheurs, des administrations, des chercheurs locaux et des ONG environnementales souhaitant élaborer un plan de gestion intégrée de pêcheries multiples fondé sur les meilleures connaissances disponibles. L’objectif est de développer ce processus dans une perspective écosystémique, dans un cadre de dialogue, de transparence et de consensus, en promouvant la coresponsabilité et le respect des obligations légales applicables en matière de conservation marine et de gestion adaptative des pêches.




ÉTAPES MISES EN ŒUVRE

 

En juillet 2014, les responsables des trois associations de Fuerteventura se sont mis d’accord avec le WWF sur la pertinence de promouvoir un processus participatif sur l’île pour la conception d’un plan de gestion dans le but d’atteindre la durabilité écologique et socioéconomique établie par la politique commune de la pêche (PCP). Cette proposition a été présentée en octobre 2015 à l’administration nationale, régionale et insulaire des pêches, ainsi qu’à des chercheurs de renom et à des ONG environnementales intéressées, qui ont confirmé leur intérêt pour sa mise en œuvre.

Des entretiens au port et des enquêtes normalisés ont été effectués auprès d’un nombre représentatif de pêcheurs de Fuerteventura. Les informations collectées ont finalement été entièrement validées par le secteur en tenant des ateliers participatifs. Parallèlement, des réunions ont été organisées avec l’administration, les chercheurs et les ONG pour connaître leurs inquiétudes et leurs besoins.

À partir de là, un diagnostic préliminaire de la situation a été fait, intégrant la vision, les inquiétudes et les intérêts de toutes les parties concernées. Parmi les problèmes les plus importants figurent le manque de ressources et de coordination dans la surveillance et le contrôle du braconnage, l’absence de canaux stables de dialogue entre les différentes parties prenantes, le manque d’information et de surveillance des pêcheries pour leur gestion sur une base scientifique, ou l’absence d’une stratégie de gestion de la pêche dans un cadre législatif approprié pour assurer la régénération des ressources.

En novembre 2016, un atelier s’est tenu à Puerto del Rosario (Fuerteventura) qui a réuni pour la première fois tous les secteurs. Cet atelier a marqué un tournant dans le processus puisque le diagnostic a été complété et validé à l’aide de méthodologies participatives. En outre, il a été convenu à l’unanimité de créer un groupe de travail stable chargé d’élaborer un plan de gestion des pêches pour répondre aux défis posés par le diagnostic. En 2017, un groupe de coordination a été formé où les différentes parties prenantes concernées par le processus sont représentés, et les buts et objectifs du plan de gestion ont été établis d’un commun accord.

 

ÉTAPES SUIVANTES

 

Le groupe de coordination recueille actuellement des informations pour procéder à une analyse de productivité et de sensibilité (PSA). L’objectif de cette analyse est d’évaluer la vulnérabilité des 15 espèces démersales commerciales les plus importantes pour les pêcheurs de Fuerteventura et, sur cette base, de commencer à définir une stratégie de gestion établissant les actions prioritaires pour ces espèces.

 

ENSEIGNEMENTS TIRÉS

 

Les activités participatives telles que les enquêtes et les entretiens ont permis de collecter des informations importantes sur la situation initiale, et de partager les problèmes et les besoins entre les parties prenantes, tout en identifiant des terrains d'entente.  Ces actions ont permis d’assurer la transparence et d’établir des liens de confiance tout au long du processus. L’utilisation de ces outils nous permet d’obtenir un diagnostic significatif des déficiences et des attentes.

Les forums de rencontre des parties prenantes permettent une participation large, collective et transversale qui facilite le dialogue entre les parties et crée la confiance nécessaire pour établir des accords communs et planifier des actions de travail concrètes et classées par ordre de priorité.

Outils utilisés

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